dimanche 19 avril 2009

BOISSONS ENERGISANTES : Caféine, sucres et marketing

L'arrivée de Red Bull en France en 2008 a dopé les ventes de ces produits. Que contiennent ces élixirs aux noms sulfureux ?

On a vu débarquer les boissons énergisantes au début des années 1990 dans des pays européens voisins, comme l'Espagne ou la Belgique. Elles étaient consommées en milieu festif pour leur effet stimulant et en association avec de la vodka. » Franck Moulius, salarié de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), est un observateur privilégié de la consommation de boissons, alcoolisées ou non.

En France aussi, ces boissons avaient fait leur apparition. Mais le géant Red Bull était tenu à l'écart. Motif : des avis scientifiques défavorables à sa mise sur le marché en raison de doutes sur son innocuité pour la santé.

La marque a finalement franchi nos frontières en avril 2008. « C'était jusque-là un produit interdit, rapporté en douce de l'étranger, qui suscitait beaucoup de fantasmes », indique Franck Moulius. De quoi attiser la curiosité et contribuer à l'envolée de ses ventes.

Mais Red Bull a aussi lourdement investi pour réussir son implantation : publicité dans les journaux et à la télé, distribution gratuite devant les établissements scolaires ou les bureaux… Sans oublier la présence dans les lieux de fête et en magasins.

En quelques mois, le taureau rouge (Red Bull) s'est imposé à la première place. Mais il a joué le rôle de locomotive, entraînant les autres sur sa lancée. Ses deux principaux compétiteurs sont Burn (brûlure) et Dark Dog (chien noir). La dynamique ne semble pas prête de retomber, puisqu'on nous annonce le lancement de nouvelles boissons aux doux noms de Monster ou Tiger.

Leur utilisation festive, en association avec de l'alcool, continue d'inquiéter. « Il semblerait que ces boissons permettent d'être euphorique plus longtemps, d'avoir moins vite la sensation d'être ivre, ce qui peut conduire à boire plus », commente Franck Moulius.

Mais les boissons énergisantes ne sont pas cantonnées à ce créneau jeune et festif. Des adultes en boivent par exemple pour rester éveillés lors de longs trajets…

Finalement, que nous fait-on boire ? Toutes les boissons énergisantes contiennent de la caféine. Les doses sont identiques, à quelques exceptions près. Ce bel alignement n'est pas le fruit du hasard. L'Administration a recommandé, il y a quelques années, de ne pas dépasser 32 mg de caféine pour 100 ml de boisson, et cette limite est devenue la dose standard.
Si l'on raisonne par canette de 250 ml, cela donne un apport de 80 mg de caféine. Soit l'équivalent d'une bonne tasse de café.

Les sucres sont aussi importants que la caféine dans les boissons énergisantes, bien que certaines marques aient sorti des versions avec édulcorants. Dans l'échantillon du magazine « 60 millions de consommateurs », la moyenne est de 117 g de sucre par litre. Soit l'équivalent d'environ 20 morceaux de sucre blanc.

A titre de comparaison, on trouve entre 19 et 20 morceaux dans un Coca ou un Pepsi, et de 16 à 17 morceaux dans les boissons à l'orange type Oasis, Fanta, Orangina, ainsi que dans les jus d'orange.

Ces boissons contiennent des sucres simples, qui sont très rapidement utilisables par l'organisme. Ce sont eux qui peuvent donner l'effet coup de fouet que certains recherchent.

Mais, sans activité physique, les sucres vont être stockés sous forme de graisse. Avis à ceux qui descendent régulièrement des canettes assis dans leur voiture ou à leur bureau.

fanny guibert et robert victoria (ingenieur)
Source : paris-normandie.fr