mardi 10 février 2009

Laboratoires cherchent experts en marketing.

En moins de vingt ans, la conception de la santé a complètement changé. Auparavant curative, elle est devenue préventive. Les laboratoires pharmaceutiques ont alors perçu la nécessité de communiquer davantage sur leurs produits, en particulier sur les médicaments dits OTC - over the counter, c'est-à-dire en vente libre -, pour lesquels ils s'adressent directement au grand public.

Et cette évolution s'est traduite en termes de métier», prévient France Davoine, consultante du département santé au cabinet François Sanchez Consultants-Panel. Sont alors apparues plusieurs fonctions qui ne relevaient pas à proprement parler de la pharmacie et de la médecine, parmi lesquelles les professions du marketing.

«Jusqu'à présent, les profils recherchés par les laboratoires pour leurs directeurs du marketing étaient relativement classiques», précise France Davoine. À savoir une double formation du type pharmacien et diplômé d'un troisième cycle spécialisé, comme ceux d'HEC ou de l'Essec.

«Mais, depuis environ deux ans, les laboratoires s'ouvrent aux formations commerciales pures qui ont une expérience "créative" de ce métier. Ils se mettent à rechercher les responsables marketing de grands groupes rompus à la communication grand public, comme les lessiviers ou la cosmétique. Et la demande est forte», précise-t-elle.

«Nous apprécions les expériences qui prennent en compte le consommateur final et élargissons nos recrutements au food, à la cosmétique ou encore à la diététique», confirme Pascal Brossard, pharmacien diplômé de l'Essec, aujourd'hui directeur marketing de Théraplix, qui compte Doliprane, Solutricine ou Hexomédine parmi ses marques.

Les salaires sont d'ailleurs comparables, 300 000 à 350 000 francs pour un chef de produit, et de 600 000 à 700 000 francs pour un directeur marketing.

Prime à la distribution

«Pour constituer nos équipes, nous avons donc besoin de personnes moins brimées par les contraintes législatives que ne le sont les pharmaciens, habitués à une approche médicale du marketing», renchérit Gilles Alberti, le directeur de l'unité officine marketing ventes de Sanofi Winthrop, un docteur en biologie rompu aux techniques du marketing et du management grâce à la formation continue, d'une durée de trois ans, de l'École supérieure de commerce de Paris.

Le laboratoire allemand Boehringer-Ingelheim a, pour établir la politique de marketing de Pharmaton, médicament vanté en télévision, recruté un chef de produit international des piles Energizer et un pharmacien qui avait ouvert la première boutique de parapharmacie Leclerc dans la ville de Rouen.
Car, outre ces contraintes législatives qui tendent à brimer leur créativité, les responsables de marketing de la santé souffrent d'une connaissance limitée de la distribution, notamment en grandes et moyennes surfaces (GMS) et de toutes les techniques de merchandising ou de trade-marketing.

«Toutes ces nouvelles approches commencent à se développer pour la communication des laboratoires pharmaceutiques», prévient Gille Alberti. Et de citer une opération de trade-marketing menée avec un groupement sur un nouveau produit Ginseng, par l'insertion d'un couponing, sur un médicament!

Information traitée dans Stratégies Magazine n°1058 du 29/05/1998.