samedi 6 juin 2009

MARKETING POLITIQUE : Le street marketing, une nouvelle forme de militantisme ?

Faire de la politique exige de renouveler les méthodes de militantisme. Tout est bon pour convaincre des électeurs dont l'intérêt pour la politique est limité, y compris distribuer des ponchos dans la rue.

La communication politique doit-elle être abordée comme la communication d’entreprise ? Études d’opinion, spin doctors, marketing offensif : les stratégies utilisées ressemblent de plus en plus à celles des entreprises. Le parti devient une marque, et doit défendre son marché. Un moyen efficace : le street-marketing.

Pourquoi se fatiguer à distribuer de simples tracts qui seront jetés illico sur le trottoir alors qu’on peut faire mieux, beaucoup mieux ? Toucher le cœur des lecteurs, les faire rire, pleurer, les étonner, les bousculer : voilà comment construire une relation émotionnelle avec le parti.

Considéré comme une pratique de la politique-spectacle américaine, le street-marketing a du mal à faire sa place en France. La tendance avance masquée mais est bien là : les proches conseillers en communication de Nicolas Sarkozy sont débauchés non pas à l’ENA, mais dans les agences de pub (comme François de la Brosse et, même s’il a rejoint la politique depuis longtemps, Thierry Saussez), tandis que Ségolène Royal s’expose sur la scène du Zénith. Tous les moyens sont bons.


Si, en France, le concept de street-marketing politique a du mal à se développer, il est incontournable dans de nombreux pays. Voici un exemple de ce que j’ai pu observer en Autriche, où les élections législatives eurent lieu en octobre.

Octobre. Sale temps pour du street-marketing : il pleut, il fait froid, les électeurs potentiels sont pressés. Moi-même, glacé jusqu’à l’os, j’avance vite, très vite, en priant pour passer entre les gouttes. Soudain, je me fais arrêter par des jeunes habillés en rouge : ah, le SPÖ (parti socialiste autrichien), encore des tracts sûrement. Mais c’est avec un grand sourire qu’ils me disent : « Wir lassen Sie nicht im Regen stehen », « Nous ne vous laisserons pas sous la pluie ». Etrange... C’est alors qu’ils me tendent un grand poncho en plastique transparent, avec capuche, et tout ce qu’il faut pour ne pas être mouillé. Design en plus !

Et voilà comment le SPÖ réussit à faire passer son message de solidarité socialiste – et ce, par une météo catastrophique pour du street-marketing. En plus, ils ont réussi à rendre le poncho à la mode. Un exploit !

Cédric Rousseaux - Blog de Luc Mandret Mercredi 27 Mai 2009

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